H.

Holophrastic by Trésors de la langue française

holophrastic (-phrastic, from gr. φράσις “utterance”), ling. Holophrastic language. “Language whose main characteristic is to agglomerate the whole sentence into a kind of single word” (after MAR. Lex. 1951). Where it [the word] appears alone in the discourse, it takes on a “holophrastic” characteristic, which has often been insisted on; this does not mean that it can limit itself to a precise meaning, but that it is integrated into a context like a secondary form to a principal form (SARTRE, Être et Néant, 1943, P. 597).

MAR. Lex. 1951 :

Holophrastic (language) [Holophrastische (Sprachen)].
This denomination is sometimes applied to languages more commonly called incorporating* to indicate that their main characteristic is to agglomerate the whole sentence into a single word (gr. holos = whole, phrasis = statement)

* Incorporating (languages) [Einverleibende, Inkorporiererende, Polysynthetische (Sprechen)].
Since W. von Humboldt, this denomination has been applied to those languages, also called agglomerating, encapsulating, holophrastic, polysynthetic, which so closely assemble the various expressions of concepts and relationships that it becomes almost impossible to distinguish the word from the sentence.



holophrastique (-phrastique, du gr. φράσις « énoncé »), ling. Langue holophrastique. « Langue dont la principale caractéristique est d’agglomérer la phrase entière en une sorte de mot unique » (d’apr. MAR. Lex. 1951). Là où il [le mot] paraît seul dans le discours, il prend un caractère « holophrastique », sur lequel on a sou vent insisté; cela ne signifie pas qu’il puisse se limiter de lui-même à un sens précis, mais qu’il est intégré à un contexte comme une forme secondaire à une forme principale (SARTRE, Être et Néant, 1943, P. 597)

“HOL(O)- I. A. – holophrastique” in Trésors de la langue française – Dictionnaire de la langue du XIXème et du XXème siècle, CNRS, Paris, 1981, p. 868

Holophrastiques (langue) [Holophrastische (Sprachen)].
Dénomination appliquée parfois aux langues dites plus communément incorporantes* pour indiquer ont pour principale caractéristique d’agglomérer la phrase entière en une sorte de mot unique (gr. holos = entier, phrasis = énoncé)

* Incorporantes (langues) [Einverleibende, Inkorporiererende, Polysynthetische (Sprechen)].
Dénomination appliquée depuis W. von Humboldt à celles des langues, dites aussi agglomérantes, encapsulantes, holophrastiques, polysynthétiques, qui assemblent si étroitement les diverses expressions des concepts et des rapports qu’il devient presque impossible de distinguer le mot de la phrase.

Jules Marouzeau, Lexique de la terminologie linguistique, Librairie Orientaliste Paul Geuthner, Paris, 1933, pp. 92-93, 98-99

O.

One word for another by Montaigne

We exchange one word for another, often for one less known.

Michel de Montaigne, “13.Experience” in Essays Book III (1588), Bennett, 2017, p. 162
Michel de Montaigne

On échange un mot pour un autre, et souvent plus inconnu.

Michel de Montaigne, “Chapitre XIII” in Les Essais Livre III (1588), Quadrige PUF, 1992, p. 1069

Michel de Montaigne, “Chapitre XIII” in Les Essais Livre III (1588), Quadrige PUF, 1992, p. 1069

A.

A performative sentence by J. L. Austin

In these examples it seems clear that to utter the sentence (in, of course, the appropriate circumstances) is not to describe my doing of what I should be said in so uttering to be doing or to state that I am doing it: it is to do it. None of the utterances cited is either true or false: I assert this as obvious and do not argue it. It needs argument no more than that ‘damn’ is not true or false: it may be that the utterance ‘serves to inform you’-but that is quite different. To name the ship is to say (in the appropriate circumstances) the words ‘I name, &c.’. When I say, before the registrar or altar, &c., ‘I do’, I am not reporting on a marriage : I am indulging in it.
What are we to call a sentence or an utterance of this type? I propose to call it a performative sentence or a performative utterance, or, for short, ‘a performative’. The term ‘performative’ will be used in a variety of cognate ways and constructions, much as the term ‘imperative’ is.

J. L. Austin, How to do things with words, Oxford at the Clarendon Press, 1955, p. 6

Pour ces exemples, il semble clair qu’énoncer la phrase (dans les circonstances appropriées, évidemment), ce n’est ni décrire ce qu’il faut bien reconnaître que je suis en train de faire en parlant ainsi, ni affirmer que je le fais : c’est le faire. Aucune des énonciations citées n’est vraie ou fausse : j’affirme la chose comme allant de soi et ne la discute pas. On n’a pas plus besoin de démontrer cette assertion qu’il n’y a à prouver que « Damnation!» n’est ni vrai ni faux: il se peut que l’énonciation « serve mettre au courant »- mais c’est là tout autre chose. Baptiser un bateau, c’est dire (dans les circonstances appropriées) les mots « Je baptise… » etc. Quand je dis, à la mairie ou à l’autel, etc., « Oui [je le veux]», je ne fais pas le reportage d’un mariage : je me marie.
Quel nom donner à une phrase ou à une énonciation de ce type ? Je propose de l’appeler une phrase performative ou une énonciation performative ou – par souci de brièveté – un « performatif ». Le terme « performatif » sera utilisé dans une grande variété de cas et de constructions (tous apparentés), à peu près comme l’est le terme e impératif ».

John Langshaw Austin, Quand dire, c’est faire (1955), Editions du Seuil, 1970, Paris, p. 41

John Langshaw Austin, Quand dire, c’est faire (1955), Editions du Seuil, 1970, Paris, p. 41

I.

Insult expel from an imaginary universal by Laurie Laufer

Freud’s father, insulted, pinned down, identified by a term belonging to a dominant discourse, which is the mark of an established power, is summoned to get off the pavement, from the common public space. His place is in the mud, just like the fur hat he wears on prayer Saturday. The gesture and the insult expel Freud’s father from an imaginary universal, exposed by the discourse of a ruling power, and simultaneously create a minority category. By minority I mean a category of people to whom a dominant discourse confiscates speech and the use of their own bodies. The violence of the insult constrains to silence, throws the insulted out of their history, out of language itself, out of the humanity magnified in the imagination of a universalist ideal. “Being wounded by a discourse,” writes Judith Butler, “is suffering from an absence of context, it is not knowing where one stands”*.

Le père de Freud insulté, épinglé, identifié par un terme appartenant à un discours dominant, qui est la marque d’un pouvoir en place, est sommé de descendre du trottoir, de l’espace public commun. Sa place est dans la boue, à l’instar de ce bonnet de fourrure qu’il porte le samedi de prière. Le geste et l’insulte expulsent le père de Freud d’un universel imaginaire, exposé par le discours d’un pouvoir en place, et créent simultanément une catégorie minoritaire. J’entends ici par minorité une catégorie de personnes à qui un discours dominant confisque parole et usage de leur propre corps. La violence de l’insulte contraint au silence, jette l’insulté hors de son histoire, hors du langage même, hors de l’humanité magnifiée dans l’imaginaire d’un idéal universaliste. “Etre blessé par un discours, écrit Judith Butler, c’est souffrir d’une absence de contexte, c’est ne pas savoir où l’on est.”*

Laurie Laufer, Vers une psychanalyse émancipée – Renouer avec la subversion, La Découverte, Paris, 2022, p. 141

Quoting *Judith Butler, Le Pouvoir des mots, Politique du performatif (1997), Editions Amsterdam, Paris, 2004, p. 24

S.

Stigma : an attribute that is deeply discrediting by Erving Goffman

The term stigma, then, will be used to refer to an attribute that is deeply discrediting, but it should be seen that a language of relationships, not attributes, is really needed. An attribute that stigmatizes one type of possessor can confirm the usualness of another, and therefore is neither creditable nor discreditable as a thing in itself.

Le mot de stigmate servira donc à désigner un attribut qui jette un discrédit profond, mais il faut bien voir qu’en réalité c’est en termes de relations et non d’attributs qu’il convient de parler. L’attribut qui stigmatise tel possesseur peut confirmer la banalité de tel autre et, par conséquent, ne porte par lui-même ni crédit ni dis crédit.

Erving GoffmanStigmate – les usages sociaux des handicaps (1963), Trad. Alain Kihm, Les éditions de minuit, 1975, Paris, p. 13

S.

Shame is an affect of the death by David Bernard

Shame is an affect of the death, which means the affect of a parlêtre. It is an effect of the fact that man is condemned to inhabit language, with his body. A body without reason of being, a body marked by its “scars “*.

La honte est un affect de la mort, c’est à dire l’affect d’un parlêtre. Elle est un effet de ce que l’homme soit condamné à habiter le langage, avec son corps. Un corps sans raison d’être, un corps marqué par ses “cicatrices”*.

David BernardLacan et la honte – de la honte à l’ontologieEditions nouvelles du Champ lacanien, Paris, 2019, p. 132

*Jacques Lacan, “La logique du fantasme, Compte rendu du Séminaire 1966-1967” in Autres Ecrits, Paris, Seuil, 2001, p. 327

L.

Language as a material phenomenon by Judith Butler

Therefore, the problem is not that one could not get out of language in order to grasp materiality in itself, but rather that any effort to refer to materiality is part of a process of signification which, in its phenomenality, is always already material. In this sense, therefore, language and materiality are not opposed, for language is material at the same time as it refers to what is material, and what is material never entirely escapes the process by which it is invested with meaning. But if language is not opposed to materiality, materiality cannot be summarily equated with language either.

Judith ButlerBodies That Matter – On the Discursive Limits of SexRoutledge, 1993

Par conséquent, le problème n’est pas que l’on ne pourrait pas sortir du langage pour saisir la matérialité en elle-même, mais bien plutôt que tout effort pour se référer à la matérialité s’inscrit dans un processus de signification qui, dans sa phénoménalité, est toujours déjà matériel. En ce sens, langage et matérialité ne sont donc pas opposés, car le langage est matériel en même temps qu’il se réfère à ce qui est matériel, et ce qui est matériel n’échappe jamais entièrement au processus par lequel il est investi de significations. Mais si le langage ne s’oppose pas à la matérialité, la matérialité ne peut pas non plus être sommairement assimilée au langage.

Judith ButlerCes corps qui comptent – De la matérialité et des limites discursives du «sexe» (1993) Editions Amsterdam, Paris, 2018, p. 110
E.

Ego is a grammarians invention by Otto Weininger

Lichtenberg, who, after Hume, also battled with the ego, was still bolder. As a philosopher of impersonality, he corrects our verbal “I think”, into an objective “it thinks”, thereby showing ego is a grammarians invention (Hume also ended his presentation explaining any dissension about identity as a quarrel of words).

Lichtenberg, qui, venu après Hume, est également parti en guerre contre le moi, a été plus hardi encore. Philosophe de l’impersonnalité, il corrige notre « je pense » verbal, en un objectif « cela pense » voulant montrer par là que le moi est une invention de grammairiens (Hume aussi finissait son exposé en expliquant toute dissension au sujet de l’identité de la personne comme une querelle de mots).

Otto Weininger, Sexe et Caractère (1903) (Editions l’age d’homme). Trad. D. Renaud. Editions l’age d’homme. Lausanne, 1975, p. 134-135

Disclaimer : The works of Weininger are to read knowing the terrible destcruction power they supported, after his own death, against Jewish People, and against Women in general. His texts are sources to understand the common roots between antismetism and antifeminism.

R.

Radicalism means “no” to the language by Hélène L’Heuillet

It has always been said, since Plato, that violence arises in the language’s refusal, but violence works also against language. Violence is a power which reduces the language to impotence. How is it possible on the part of speaking beings, “parlêtre”? It means these speaking beings testify of their hatred of language, their refusal to pay their debt to the language that makes them be, and this to death, their own or collective. There is a “no” in this radicalism, but a “no” to the language. This relation to language can be called nihilist insofar as it is, in the strict sense, a disavowal of language. And therein lies, so to speak, the root of radicalism.

On dit toujours, depuis Platon, que la violence surgit dans le refus du langage, mais la violence est aussi active contre le langage. Elle est une puissance de réduction du langage à l’impuissance. Comment cela est-il possible de la part d’êtres parlants, de « parlêtres » ? C’est qu’il s’agit de parlêtres qui témoignent de leur haine du langage, de leur refus de payer leur dette au langage qui les fait être, et ce jusqu’à la mort, personnelle et collective. Il y a un « non » dans cette radicalité, mais un « non » au langage. On peut appeler nihiliste ce rapport au langage dans la mesure où il est, au sens strict, un désaveu du langage. Et c’est là que réside, si l’on peut dire, la racine de la radicalité.

Hélène L’HEUILLET, Tu haïras ton prochain comme toi même, Albin Michel, Paris, 2017, p. 99

F.

Fiction and Fixion by Jacques Lacan

Use the “pastout” (notall), the “hommoinzun” (oneatleast) or the impasses of logic, is, to show the aim out of the fictions of Worldliness, do fixion from real: from the impossible that fix it from structure to language.

Recourir au pastout, à l’hommoinzun, soit aux impasses de la logique, c’est, à montrer l’issue hors des fictions de la Mondanité, faire fixion autre du réel: soit de l’impossible qui le fixe de la structure du langage.

Jacques Lacan, “L’étourdit” in Autres Ecrits, Paris, Seuil, 2001, p.479