O.

One word for another by Montaigne

We exchange one word for another, often for one less known.

Michel de Montaigne, “13.Experience” in Essays Book III (1588), Bennett, 2017, p. 162
Michel de Montaigne

On échange un mot pour un autre, et souvent plus inconnu.

Michel de Montaigne, “Chapitre XIII” in Les Essais Livre III (1588), Quadrige PUF, 1992, p. 1069

Michel de Montaigne, “Chapitre XIII” in Les Essais Livre III (1588), Quadrige PUF, 1992, p. 1069

R.

Relationships among truths are relationships of force by Paul Veyne

One does not know what one does not have the right to ask* (whence the sincere blindness of so many husbands and parents), and one does not doubt what others believe, if they are respected. Relationships among truths are relationships of force. This is the root of what is called bad faith.

Paul Veyne, Did the Greeks Believe in Their Myths?: An Essay on the Constitutive Imagination, Chicago, University of Chicago Press, 1988, p. 41

On ne sait pas ce qu’on n’a pas le droit de chercher à savoir (d’où la sincère cécité de tant de maris ou de parents) et on ne doute pas de ce que d’autres croient, s’ils sont à respecter : les rapports entre vérités sont des rapports de force. D’où ce qu’on appelle la mauvaise foi.

Paul VeyneLes Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? 1983, Editions du Seuil, Points Essai, p. 52

Paul VeyneLes Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?, 1983, Editions du Seuil, Points Essai, p. 52

*Here, we disagree with the translation. In french, Veyne has written “the right to look to know“, which has the advantage not introducing “ask” concept.

T.

They make no use of the new knowledge by Sigmund Freud

The reader is ‘stimulated’ only by those passages which he feels apply to himself — that is, which concern conflicts that are active in him at the time. Everything else leaves him cold. We can have analogous experiences, I think, when we give children sexual enlightenment. I am far from maintaining that this is a harmful or unnecessary thing to do, but it is clear that the prophylactic effect of this liberal measure has been greatly over-estimated. After such enlightenment, children know something they did not know before, but they make no use of the new knowledge that has been presented to them. We come to see that they are not even in so great a hurry to sacrifice for this new knowledge the sexual theories which might be described as a natural growth and which they have constructed in harmony with, and dependence on, their imperfect libidinal organization-theories about the part played by the stork, about the nature of sexual intercourse and about the way in which babies are made. For a long time after they have been given sexual enlightenment they behave like primitive races who have had Christianity thrust upon them and who continue to worship their old idols in secret.

Sigmund Freud, “Analysis Terminable and Interminable” (1937), Standard Edition Vol XXIII, Trans. James Strachey, The Hogarth Press, London, 1964, pp. 223 – 234

Le lecteur n’est «ému » qu’aux passages où il se sent atteint, ceux donc qui concernent les conflits actuellement à l’œuvre en lui. Tout le reste le laisse froid. J’estime que l’on peut faire des expériences analogues quand on donne des éclaircissements sexuels aux enfants. Je suis bien loin d’affirmer que ce soit là une démarche nocive ou superflue, mais on a manifestement beaucoup surestimé l’effet préventif de cette mesure libérale. Les enfants savent maintenant quelque chose qu’ils ne savaient pas jusqu’ici, mais ils ne font rien de ces connaissances nouvelles qui leur ont été offertes. On se convainc qu’ils ne sont pas le moins du monde disposés à leur sacrifier si vite ces théories sexuelles – on aimerait dire : à l’état naturel – qu’ils ont formées en accord avec leur organisation libidinale incomplète et sous la dépendance de celle-ci, sur le rôle de la cigogne, sur la nature du commerce sexuel, sur la façon dont arrivent les enfants. Longtemps encore après avoir reçu les éclaircissements sexuels, ils se conduisent comme les primitifs auxquels on a imposé le christianisme et qui continuent, en secret, à vénérer leurs vieilles idoles

Sigmund FreudL’analyse finie et l’analyse infinie (1937), PUF, Paris, 2021, p. 23

Sigmund FreudL’analyse finie et l’analyse infinie (1937), PUF, Paris, 2021, p. 23

A.

Absurd : confrontation of irrationality and desire for clarity by Albert Camus

In itself, thiw world is not reasonable, that is all that we can say about it. But what is absurd is the confrontation of this irrationality and this desperate desire for clarity whose call resounds in the man’s depths. The absurd depends as much on man as on the world. By now, it is their only link. It seals one to the other as only the hatred can tie the beings.

Ce monde en lui-même n’est pas raisonnable, c’est tout ce qu’on peut en dire. Mais ce qui est absurde, c’est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’homme. L’absurde dépend autant de l’homme que du monde. Il est pour le moment leur seul lien. Il les scelle l’un à l’autre comme la haine seule peut river les êtres.

Albert CamusLe mythe de Sisyphe (1942), Folio Essais, Paris, 2021, p. 39

L.

Lacan : “Knowledge affects the body” by David Bernard

The knowledge, that is to say what? Let’s say it too quickly, all these causes of affect so far noted: representations, words, thought, signifiers, and what in Encore will be redefined, with other consequences, as lalangue. Then after the axiom, comes the question: “Knowledge as such affects without doubt. But what? This is the question where we are mistaken “. Lacan will thus say what affect is not, before saying what it is. The whole thing can be summed up in a few words: knowledge affects neither the subject, nor the soul of this subject. But it affects the body of this subject, which is a parlêtre. “I say that knowledge affects the body of the being who only makes himself a being of words, this to fragment his jouissance, to cut it up until it produces the falls of which I keep the (a), to read objet petit a, or abjet, what will be said when I will be dead, the time when at last I will be heard, or the (a)primary cause of his desire “**.

Le savoir, c’est à dire quoi ? Disons-le trop vite, toutes ces causes de l’affect jusqu’ici relevées : des représentations, des mots, une pensée ,des signifiants, et ce qui dans Encore sera redéfini, avec d’autres conséquences, comme lalangue*. Puis après l’axiome, vient la question : ” Le savoir comme tel affecte sans doute. Mais quoi ? c’est la question où l’on se trompe”*. Lacan dira donc ce que n’est pas l’affect, avant que de dire ce qu’il est. Le tout tenant en peu de mots : le savoir n’affecte ni le sujet, ni l’âme de ce sujet. Mais il affecte le corps de ce sujet, qui est un parlêtre. ” Je dis moi que le savoir affecte le corps de l’être qui ne se fait être que de paroles, ceci de morceler sa jouissance, de le découper par là jusqu’à en produire les chutes dont je tais le (a), à lire objet petit a, ou bien abjet, ce qui se dira quand je serai mort, temps où enfin l’on m’entendra, ou encore l'(a)cause première de son désir”**

David BernardLacan et la honte – de la honte à l’ontologieEditions nouvelles du Champ lacanien, Paris, 2019, p. 130

Quoting :

*Jacques Lacan, Séminaire Livre XX – Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 127

**Jacques Lacan, “… ou pire, Compte rendu du Séminaire 1971-1972” in Autres Ecrits, Paris, Seuil, 2001, p. 550.

T.

The psychoanalyst is analyst with what he is by Laurie Laufer

Obviously, the analyst cannot be in overhang from his singular position, he is analyst with what he is rather than than with what he knows. That said, “the turn of the screw in advance” would come from that he is neighbouring his own sexual enigma, his own neurotica. Doing so, the analyst would be trans-sexual, traversed unceasingly by a desire to know, much more than a knowledge, because the desire to know is a theoretical bet, not a theoretical knowledge, and as a bet, it would engage unceasingly the subjectivity of the analyst himself.

À l’évidence, l’analyste ne peut pas être en surplomb de sa position singulière, il est analyste avec ce qu’il est davantage qu’avec ce qu’il sait. Cela dit, « le tour de vis d’avance » viendrait de ce qu’il côtoie sa propre énigme sexuelle, sa propre neurotica. En cela l’analyste serait trans-sexuel, traversé sans cesse par un désir de savoir, bien plus qu’un savoir, car le désir de savoir est un pari théorique, non un savoir théorique, et en tant que pari, il engagerait sans cesse la subjectivité de l’analyste lui-même.

Laurie LauferMurmures de l’art la psychanalyse – Impressions analytiques, Hermann, Paris, 2021, p. 233

G.

Genius is incomprehensible and unaccountable by Sigmund Freud

We know that genius is incomprehensible and unaccountable

Sigmund Freud, Moses and Monotheism, Trad. Katherine Jones, Hogarth Press And the institute of Psychoanalysis, Letchworth Great Britain, 1939, p. 105

Le génie est, comme on le sait, incompréhensible et sans responsabilité

Sigmund Freud, L’homme Moise et la religion monothéiste (1939), Paris, Gallimard, 1986, p.8

W.

What does the woman want ? by Sigmund Freud

The big question remained unanswered and which myself have never been able to answer despite my thirty years of study of the feminine soul is: “What does the woman want? “

La grande question restée sans réponse et à laquelle moi-même n’ai jamais pu répondre malgré mes trente années d’étude de l’âme féminine est la suivante : « que veut la femme ? »

Ernest Jones attributes this sentence to Sigmund Freud, refering to a letter sent by Freud to Marie Bonaparte.

Ernest Jones, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud T.II., PUF, p.445