S.

Symbiosis between misogyny and white supremacy by ADL

There is a robust symbiosis between misogyny and white supremacy; the two ideologies are powerfully intertwined. While not all misogynists are racists, and not every white supremacist is a misogynist, a deep-seated loathing of women acts as a connective tissue between many white supremacists, especially those in the alt right, and their lesser-known brothers in hate like incels (involuntary celibates), MRAs (Men’s Rights Activists) and PUAs (Pick Up Artists). This cross-pollination means the largely anonymous outrage of the men’s rights arena acts as a bridge to the white supremacist and anti-Semitic ideology of the alt right. After all, it’s not a huge leap from “women’s quest for equal rights threatens my stature as a man” to “minorities’ and women’s quests for equal rights threaten my stature as a white man.”

Anti-Defamation League

Il existe une solide symbiose entre misogynie et suprématie blanche ; les deux idéologies sont fortement imbriquées. Bien que tous les misogynes ne soient pas racistes et que tous les suprémacistes blancs ne soient pas misogynes, un profond dégoût des femmes sert de tissu conjonctif entre de nombreux suprémacistes blancs, en particulier ceux d’extrême-droite, et leurs frères de haine moins connus comme les Incels (célibataires involontaires), les MRA (activistes des droits de l’homme-au-masculin) et les PUA (artistes de la drague). Cette pollinisation croisée signifie que l’indignation largement anonyme de l’arène des droits de l’homme sert de pont à l’idéologie suprématiste blanche et antisémite de l’extrême-droite. Après tout, il n’y a pas un grand pas à faire entre “la quête des femmes pour l’égalité des droits menace ma stature d’homme” et “la quête des minorités et des femmes pour l’égalité des droits menace ma stature d’homme blanc”.

Anti-Defamation League

ADL, When Women are the Enemy: The Intersection of Misogyny and White Supremacy, 2018

F.

Father’s unheroic conduct by Sigmund Freud

At that point I was brought up against the event in my youth whose power was still being shown in all these emotions and dreams. I may have been ten or twelve years old, when my father began to take me with him on his walks and reveal to me in his talk his views upon things in the world we live in. Thus it was, on one such occasion, that he told me a story to show me how much better things were now than they had been in his days. ‘When I was a young man,’ he said, ‘I went for a walk one Saturday in the streets of your birthplace; I was well dressed, and had a new fur cap on my head. A Christian came up to me and with a single blow knocked off my cap into the mud and shouted: “Jew! get off the pavement!”’ ‘And what did you do?’ I asked. ‘I went into the roadway and picked up my cap,’ was his quiet reply. This struck me as unheroic conduct on the part of the big, strong man who was holding the little boy by the hand. I contrasted this situation with another which fitted my feelings better: the scene in which Hannibal’s father, Hamilcar Barca*, made his boy swear before the household altar to take vengeance on the Romans. Ever since that time Hannibal had had a place in my phantasies.

Sigmund FreudThe Interpretation Of Dreams (1900), Trad. STRACHEY J. (1955), Basic Books, New York, 2010, p. 218 – 219

Me voici enfin arrivée à l’expérience vécue de ma jeunesse qui aujourd’hui encore manifeste sa puissance dans toutes ces sensations et tous ces rêves. Je devais avoir dans les dix ou douze ans lorsque mon père commença à m’emmener avec lui dans ses promenades et à me confier, pendant nos conversations, ses vues sur les choses de ce monde. C’est ainsi qu’un jour il me fit le récit suivant, pour me montrer combien l’époque où j’étais arrivé au monde était meilleure que la sienne : “Étant encore un homme jeune, j’étais allé me promener dans la rue, le samedi, dans ta ville natale, avec mes beaux habits, un bonnet de fourrure tout neuf sur la tête. Un chrétien survient, envoie voler d’un coup mon bonnet dans la boue en criant : ‘Juif, descends du trottoir !’” “Et qu’as-tu fait ?” “Je suis passé sur la chaussée et j’ai ramassé le bonnet, telle fut sa placide réponse. Cela ne me parut pas héroïque, de la part de l’homme grand et fort qui menait par la main le petit bonhomme que j’étais. À cette situation qui ne me satisfaisait pas, j’en opposais une autre qui correspondait mieux à ma façon de sentir, la scène dans laquelle le père d’Hannibal, Hamilcar Barca*, fait jurer à son petit garçon, devant l’autel domestique, qu’il prendra vengeance des Romains. Depuis lors, Hannibal eu sa place dans mes fantaisies.

Sigmund FreudL’interprétation du rêve (1900), Trad. Coll., PUF, Paris, 2010, p. 234 – 235

*[Footnote added 1909:] In the first edition the name of Hasdrubal appeared instead : a puzzling mistake, which I have explained in my Psychopathology of Everyday Life (1901b), Chapter X (2).

*[Note ajoutée en 19091 Dans la première édition figurait ici le nom: Hasdrubal, erreur déconcertante dont j’ai apporté l’élucidation dans ma «Psychopathologie de la vie quotidienne » [Zur Pychopathologie des Alltagslebens, GW, IV, p. 243 et 245; OCF.P, V. L’erreur, “Hasdrubal au lieu d’Hamilcar, le nom du frère à la place de celui du père”, échappa à Freud « lors de trois corrections d’épreuves”.]

Sigmund FreudL’interprétation du rêve (1900), Trad. Coll., PUF, Paris, 2010, p. 234 – 235

The Interpretation Of Dreams 

H.

Hath not a Jew eyes ? by William Shakespeare

ACT 3. SC 1 – SHYLOCK
To bait fish withal: if it will feed nothing else,
it will feed my revenge. He hath disgraced me, and
hindered me half a million; laughed at my losses,
mocked at my gains, scorned my nation, thwarted my
bargains, cooled my friends, heated mine
enemies; and what’s his reason? I am a Jew. Hath
not a Jew eyes?
hath not a Jew hands, organs,
dimensions, senses, affections, passions? fed with
the same food, hurt with the same weapons, subject
to the same diseases, healed by the same means,
warmed and cooled by the same winter and summer, as
a Christian is? If you prick us, do we not bleed?
if you tickle us, do we not laugh? if you poison
us, do we not die? and if you wrong us, shall we not
revenge? If we are like you in the rest, we will
resemble you in that. If a Jew wrong a Christian,
what is his humility? Revenge. If a Christian
wrong a Jew, what should his sufferance be by
Christian example? Why, revenge. The villany you
teach me, I will execute, and it shall go hard but I
will better the instruction.

William ShakespeareMerchant of Venice, Folger Shakespeare Library, London, p.97-98
Shylock - Main character from Merchant of Venice of William Shakespear
Charles Macklin at Covent Garden, 1767-68 (England)

Acte III – Scène 1 – SHYLOCK
A appâter les poissons. Faute de mieux, elle servira à nourrir ma vengeance. Il m’a humilié, et m’a fait perdre un demi-million; il s’est gaussé de mes pertes, s’est moqué de mes gains, il a méprisé ma nation, gêné mes affaires, refroidi mes amis, échauffé mes ennemis. Et tout cela pourquoi ? Je suis juif. Est-ce qu’un Juif n’a pas d’yeux ? Est-ce qu’un Juif n’a pas des mains, des organes, des mensurations, des sens, des affections, des passions? des mêmes armes, Est-ce qu’il ne se nourrit pas avec la même nourri ture, est-ce qu’il ne souffre pas est-ce qu’il n’est pas soumis aux mêmes maladies, guéri par les mêmes moyens, réchauffé et refroidi par le même hiver et le même été, comme un Chrétien peut l’être ? Si vous nous piquez, est-ce qu’on ne saigne pas ? Si vous nous chatouillez, est-ce qu’on ne rit pas ? Si vous nous empoisonnez, est-ce qu’on ne meurt pas ? Et, si vous nous faites du mal, est-ce qu’on ne va pas se venger? Si nous sommes comme vous pour tout le reste, nous vous ressemblons aussi en cela. Si un Juif fait du tort à un Chrétien, à quelle charité a-t-il droit? A une vengeance. Si un Chrétien fait du tort à un Juif, quelle disposition lui inspire l’exemple du Chrétien ? Eh bien, la vengeance. La méchanceté que vous m’apprenez, je la mettrai en pratique, et vous pouvez compter sur moi pour que je la perfectionne.

William ShakespearLe Marchand de Venise, Le Livre de Poche, Paris, 2021, p. 100
I.

In the Rialto you have rated me by William Shakespeare

ACT 1. SC. 3 – SHYLOCK –
Signior Antonio, many a time and oft
In the Rialto you have rated me
About my moneys and my usances:
Still have I borne it with a patient shrug,
For sufferance is the badge of all our tribe.
You call me misbeliever, cut-throat dog,
And spit upon my Jewish gaberdine,
And all for use of that which is mine own.
Well then, it now appears you need my help:
Go to, then; you come to me, and you say
‘Shylock, we would have moneys:’ you say so;
You, that did void your rheum upon my beard
And foot me as you spurn a stranger cur
Over your threshold: moneys is your suit
What should I say to you? Should I not say
‘Hath a dog money? is it possible
A cur can lend three thousand ducats?’ Or
Shall I bend low and in a bondman’s key,
With bated breath and whispering humbleness, Say this;
‘Fair sir, you spit on me on Wednesday last;
You spurn’d me such a day; another time
You call’d me dog; and for these courtesies
I’ll lend you thus much moneys’?

William Shakespeare, Merchant of Venice, Folger Shakespeare Library, London, p. 35

Acte I – Scène 3 – SHYLOCK –
Seigneur Antonio, souvent, à plusieurs reprises,
Vous m’avez critiqué sur le Rialto
Au sujet de l’argent et de mes intérêts.
Pourtant je n’ai rien dit, j’ai haussé les épaules,
Car la patience est la marque de notre tribu.
Vous m’avez traité d’incroyant, d’ogre et de chien,
Et vous avez craché sur mon manteau de Juif,
Et tout cela pour n’exercer que mon métier.
Et, à présent, vous avez besoin de mon aide.
Très bien. Vous venez me voir et vous me dites
« Shylock, on a besoin d’argent » : n’est-ce pas
Vous, qui avez souillé ma barbe de votre salive
Et qui me marchez dessus comme un chien errant
Pour rentrer chez vous, c’est de l’argent que vous voulez.
Qu’est-ce que je peux vous dire? Ne devrais-je pas répondre
«Est-ce qu’un chien a de l’argent? Est-ce qu’il est possible
Qu’un chien puisse prêter trois mille ducats? » Ou bien alors
Vais-je m’incliner tout bas et, tel un serviteur,
A voix basse et dans un chuchotement très humble,
Dire ceci : « Cher monsieur, vous m’avez craché dessus
Mercredi dernier; snobé tel jour; une autre fois
Vous m’avez traité de chien; et, pour tout cela,
Il faudrait que je vous prête de l’argent?»

William Shakespear, Le Marchand de Venise, Le Livre de Poche, Paris, 2021, p. 55

William Shakespear, Le Marchand de Venise, Le Livre de Poche, Paris, 2021, p. 55

T.

The sin of being born by Albert Cohen

Of course, antisemites, tender souls, of course, it is not a story of concentration camp that I told, and I did not suffer in my body on this tenth anniversary, on my tenth birthday. Of course, we have done better since then. Of course, camelot only gave shame to a little child, he only informed him about his infamous quality. Of course, he only convinced him of the sin of being born, a sin that deserves suspicion and hatred. But it’s still not bad to teach a sweet little child that he is an accursed person and to twist his soul forever.

Bien sûr, antisémites, âmes tendres, bien sûr, ce n’est pas une histoire de camp de concentration que j’ai contée, et je n’ai pas souffert dans mon corps en ce dixième anniversaire, en ce jour de mes dix ans. Bien sûr, on a fait mieux depuis. Bien sûr, le camelot n’a fait que donner de la honte à un petit enfant, il l’a seule ment renseigné sur sa qualité d’infâme. Bien sûr, il l’a seulement convaincu du péché d’être né, péché qui mérite le soupçon et la haine. Mais ce n’est tout de même pas mal d’apprendre à un doux petit enfant qu’il est un maudit et de tordre à jamais son âme.

Albert CohenO vous, frères humains (1972), Gallimard, Collection Folio, Paris, 1989, p. 201

A.

Ashamed to live by Albert Cohen

“Allons enfants de la patrie”*, I murmured mechanically, and I decided not to breathe anymore in order to die and punish them. To this end, I pinched my nose between the thumb and the index finger, I tightened my lips and I began to count mutely to encourage me to die. At thirty, suffocating, I reopened my mouth, I freed my nostrils and I started to live again shamefully.

Allons, enfants de la patrie, murmurai-je machinalement, et je décidai de ne plus respirer afin de mourir et les punir. A cette fin, je me pinçai le nez entre le pouce et l’index, je serrai fort mes lèvres et je commençai à compter muettement pour m’encourager à mourir. A trente, étouffant, je rouvris la bouche, je libérai mes narines et je me remis honteusement à vivre.

*Lyrics of the french national anthem, so called La Marseillaise

Albert CohenO vous, frères humains (1972), Gallimard, Collection Folio, Paris, 1989, p. 152

J.

Jewish smile by Albert Cohen

O shame still writing it now, and it is an costfull admission, I made a supplicating look to my tormentor which disgraced me, I tried to manufacture a smile to pity him, a trembling smile, a sick smile, a smile of weak, a Jewish smile too soft and which wanted to disarm by its femininity and its tenderness, a poor smile of immediate frightened reaction that I then tried to transform and make joking and complicit, like Yes it’s a good joke but I know it’s not serious and you want to laugh and in reality we are good friends. A crazy hope of a helpless and lonely child. He’s going to feel sorry for me and he’s going to tell me it was a joke.

O honte encore à l’heure où j’écris, et c’est un aveu qui me coûte, je fis un regard suppliant à mon bourreau qui me déshonorait, j’essayai de fabriquer un sourire pour l’apitoyer, un sourire tremblant, un sourire malade, un sourire de faible, un sourire juif trop doux et qui voulait désarmer par sa féminité et sa tendresse, un pauvre sourire d’immédiate réaction apeurée et que je tentai ensuite de transformer et de faire plaisantin et complice, genre Oui c’est une bonne plaisanterie mais je sais que ce n’est pas sérieux et que vous voulez rire et qu’en réalité on est de bons amis. Un espoir fou d’enfant sans défense et tout seul. Il va avoir pitié et il me dira que c’était pour rire.

Albert CohenO vous, frères humains (1972), Gallimard, Collection Folio, Paris, 1989, p. 41

And I left, forever banished from the human family, leech of the poor world and bad as scabies, I left under the laughter of the satisfied majority, good people who loved each other in the hate together, niaisantly communing against a common enemy, the stranger, I left, keeping my smile, ugly trembling smile, smile of shame.

Et je suis parti, éternelle minorité, le dos soudain courbé et avec une habitude de sourire sur la lèvre, je suis parti, à jamais banni de la famille humaine, sangsue du pauvre monde et mauvais comme la gale, je suis parti sous les rires de la majorité satisfaite, braves gens qui s’aimaient de détester ensemble, niaisement communiant en un ennemi commun, l’étranger, je suis parti, gardant mon sourire, affreux sourire tremblé, sourire de la honte.

Albert CohenO vous, frères humains (1972), Gallimard, Collection Folio, Paris, 1989, p. 43

T.

They will be ashamed, and they will love us by Albert Cohen

Who knows, I thought, maybe, what I’m storytelling to them will change the Jew-haters, tear the fangs out of their souls? Yes, if I explain them the evil they did to a little child, by them suddenly shattered with misfortune, if they read this book to the end, they will understand, I told myself, and they will be ashamed of their wickedness, and they will love us.

Qui sait, me suis-je dit, ce que je vais leur conter va peut-être changer les haïsseurs de juifs, arracher les canines de leur âme? Oui, si je leur explique le mal qu’ils ont fait à un petit enfant, par eux soudain fracassé de malheur, s’ils lisent ce livre jusqu’à la fin, ils comprendront, me suis-je dit, et ils auront honte de leur méchanceté, et ils nous aimeront.

Albert Cohen, O vous, frères humains (1972), Gallimard, Collection Folio, Paris, 1989, p. 15

T.

Two historical victims may clash by Jean-Pierre Martin

However, this is not the History’s law. Two historical victims, says Amos Oz of the Jews and the Palestinians, may clash. A black American movement can become antisemitic. Each one being compartmentalized in his or her category, facing the mirror, prisoner of his or her own withered image. And it is not rare a shame or a self-hate, the feeling of an “intimate disapproval”, giving rise to an effective lucidity with regard to the discrimination experienced from within, be blind to other stigmatizations, toward echoing them. It is the case, in particular, with Jouhandeau*.

Telle n’est pas, cependant, la loi de l’Histoire. Deux victimes historiques, dit Amos Oz à propos des Juifs et des Palestiniens, peuvent s’affronter. Un mouvement noir américain peut devenir antisémite. Chacun est cloisonné dans sa catégorie, face à son miroir, prisonnier de son image flétrie. Et il n’est pas rare qu’une honte ou une haine de soi, le sentiment d’une « réprobation intime », suscitant une lucidité efficace à l’égard de la discrimination vécue de l’intérieur, soit aveugle sur d’autres stigmatisations, au point de s’en faire l’écho. C’est le cas, en particulier, chez Jouhandeau*.

Jean-Pierre MartinLa Honte – Réflexion sur la littérature, Le Seuil, Paris, 2016, p. 234

*Marcel Jouhandeau, De l’abjection, Paris, Gallimard, 1939

A.

Antisemite represses the shame by Jean-Pierre Martin

We may imagine that the antisemite will have truly overcome self-shame. To the point that it cannot return, and that the antisemitic delirium will be made possible by this definitive repression, aggregating the individual to the shaming group and thus embarking him for life in the arbitrary of shameless stupidity. This would explain the constancy of the antisemite, his inability to deny himself. [..] The antisemite thus seems to be provided with a miraculous antidote to the historical shame that embraces us.

On pourrait alors imaginer que l’antisémite aura véritablement terrassé la honte de soi. Au point qu’elle ne pourra faire retour, et que le délire antisémite sera rendu possible par ce refoulement définitif, agrégeant l’individu au groupe honnisseur et l’embarquant ainsi pour la vie dans l’arbitraire d’une bêtise éhontée. Ce qui expliquerait la constance de l’antisémite, son incapacité à se renier. [..] L’antisémite semble ainsi pourvu d’un antidote miraculeux contre la honte historique qui nous étreint.

Jean-Pierre MartinLa Honte – Réflexion sur la littérature, Le Seuil, Paris, 2016, p. 208-209

M.

Misogyny and antisemitism common root by Sigmund Freud

I cannot make in the coherence of my speech a sufficient interruption to show what is typical in these unconscious thought paths that I lend to little Hans. The castration complex is the deepest unconscious root of antisemitism, because from his early age the boy hears that something is cut off from the Jew – a piece of the penis, he thinks – and this gives him the right to lead the Jew. Likewise, the morgue towards the woman has no stronger unconscious root. Weininger, the highly gifted and sexually disturbed young philosopher who, after his remarkable book “Sex and Character“, ended his life by suicide, in a remarkable chapter, gratified the Jew and the woman with the same hostility and overwhelmed them with the same outrage. Weininger was completely under the sway of his infantile complexes; and from that standpoint what is common to Jews and women is their relation to the castration complex.

Je ne puis faire dans la cohérence de mon propos une interruption suffisante pour montrer ce qu’il y a de typique dans ces cheminements de pensée inconscients que je prête au petit Hans. Le complexe de castration est la plus profonde racine inconsciente de l’antisémitisme, car dès son plus jeune âge le garçon entend dire que l’on coupe au juif quelque chose au pénis – un morceau du pénis, pense-t-il – et cela lui donne le droit de mener le juif. De même, la morgue envers la femme n’a pas de racine inconsciente plus forte. Weininger, ce jeune philosophe hautement doué et sexuellement perturbé qui, après son remarquable livre « Sexe et caractère» , mit fin à sa vie par suicide, dans un chapitre fort remarqué, gratifie le juif et la femme de la même hostilité et les a accablés des mêmes outrage. Weininger se trouvait, en tant que névrosé, entièrement sous la domination de complexes infantiles ; la relation au complexe de castration est là ce qui est commun au juif et la femme.

FOOTNOTE – Sigmund FreudLe Petit Hans (1909), PUF, Paris, 2006, p.31

Freud added his footnote on this sentence :

[…] would there indeed be living beings who do not pose a widdler ? Then it would indeed no longer be so unbelievable that the widdler could be taken away from him, to make him a woman in some way!

[…] y aurait-il donc effectivement des êtres vivants qui ne possèdent pas de fait-wiwi ? Alors ce ne serait en effet plus si incroyable qu’on puisse lui ôter le fait-wiwi, faire en quelque sorte de lui une femme!

H.

Hume was a remarkable empirical psychologist by Otto Weininger

David Hume analysed the concept of the ego through a criticism which ended discovering the ego contains only a bundle of different perceptions taken in a flux and a perpetual movement. We should, Hume explains in substance, turn away from some metaphysicians, who believe to find in themself another ego than this one. I’m sure I don’t have one, and everyone is as sure as I am. So expresses the world’s gentleman. Next chapters will show how much his irony ultimately falls toward himself only. If, however, this ironic criticism had such an impact, the cause is the overestimation from which its author benefited, and for which the responsibility rests to Kant. Hume was a remarkable empirical psychologist, but was not a genius. There is certainly no great glory in being the greatest English philosopher, but even as a such one, Hume cannot pretend. When we know Kant (despite the “paralogisms”) immediately rejected Spinozism for the only reason he sees in human beings not substances, but only accidents, and considered that the only “nonsense “of this idea was enough to condemn him – I am not sure he would not have moderated the praises which he addresses to the English philosopher if he had known the “Treatise on human nature”, and not only the “Investigation of the morality principles”, later work in which, as we know, Hume doesn’t resume his criticism.

David Hume a soumis le concept du moi à une critique au terme de laquelle il ne crut découvrir en celui-ci qu’une faisceau de différentes perceptions prises dans un flux et un mouvement perpétuel. Il faut, explique-t-il en substance, se détourner de certains métaphysiciens, qui croient trouver en eux un autre moi que celui-ci. Je suis certain pour moi de n’en pas avoir, et chacun en est aussi certain que moi. Ainsi s’exprime l’homme du monde. On verra au chapitre suivant combien son ironie ne retombe finalement que sur lui-même. Si cependant cette critique ironique a eu un tel retentissement, la cause en est la surestimation dont son auteur a bénéficié, et dont la responsabilité revient a Kant. Hume était un remarquable psychologue empirique, mais n’était pas un génie. Il n’y a certes pas grande gloire à être le plus grand philosophe anglais, mais même à ce titre, Hume ne peut prétendre. Lorsqu’on sait que Kant (en dépit des “paralogismes”) a repoussé d’emblée le spinozisme pour la seule raison qu’il voit dans les êtres humains non des substances, mais uniquement des accidents, et a considéré que la seule “ineptie” de cette idée suffisait à le condamner – je ne suis pas sûr qu’il n’aurait pas modéré les louanges qu’il adresse au philosophe anglais s’il avait connu le « Traité de la nature humaine », et non seulement l’« Enquête sur les principes de la morale », ouvrage postérieur dans lequel, comme on sait, Hume n’a pas repris sa critique.

Otto WeiningerSexe et Caractère (1903) (Editions l’age d’homme). Trad. D. Renaud. Editions l’age d’homme. Lausanne, 1975, p. 134

Disclaimer : The works of Weininger are to read knowing the terrible destcruction power they supported, after his own death, against Jewish People, and against Women in general. His texts are sources to understand the common roots between antismetism and antifeminism.