Unfortunately something else happens as well. In trying to describe this, one can only rely on impressions. Hostility on the one side and partisanship on the other create an atmosphere which is not favourable to objective investigation. It seems that a number of analysts learn to make use of defensive mechanisms which allow them to divert the implications and demands of analysis from themselves (probably by directing them on to other people), so that they themselves remain as they are and are able to withdraw from the critical and corrective influence of analysis. Such an event may justify the words of the writer who warns us that when a man is endowed with power it is hard for him not to misuse it*. Sometimes, when we try to understand this, we are driven into drawing a disagreeable analogy with the effect of X-rays on people who handle them without taking special precautions. It would not be surprising if the effect of a constant preoccupation with all the repressed material which struggles for freedom in the human mind were to stir up in the analyst as well all the instinctual demands which he is otherwise able to keep under suppression. These, too, are ‘dangers of analysis’, though they threaten, not the passive but the active partner in the analytic situation; and we ought not to neglect to meet them. There can be no doubt how this is to be done. Every analyst should periodically – at in tervals of five years or so – submit himself to analysis once more, without feeling ashamed of taking this step. This would mean, then, that not only the therapeutic analysis of patients but his own analysis would change from a terminable into an interminable task.
Sigmund Freud, “Analysis Terminable and Interminable” (1937), Standard Edition Vol XXIII, Trans. James Strachey, The Hogarth Press, London, 1964, pp. 249
Il semble ainsi que bon nombre d’analystes apprennent à utiliser des mécanismes de défense qui leur permettent de détourner de leur propre personne des conséquences et exigences de l’analyse, probablement en les dirigeant sur d’autres, si bien qu’ils restent eux-mêmes comme ils sont, et peuvent se soustraire à influence critique et correctrice de l’analyse. Il se peut que ce processus donne raison à l’écrivain lorsqu’il nous rappelle qu’à l’homme à qui échoit la puissance il est bien difficile de ne pas en mésuser*. De temps à autre s’impose, à qui s’efforce de comprendre, l’analogie déplaisante avec l’effet des rayons X, lorsqu’on les manie sans précautions particulières. Il n’y aurait pas lieu de s’étonner si, chez l’analyste lui-même, du fait qu’il s’occupe sans cesse de tout le refoulé qui, dans l’âme humaine, lutte pour sa libération, toutes ces revendications pulsionnelles qu’il peut habituellement maintenir dans l’état de répression soient arrachées à leur sommeil. Ce sont là aussi des « dangers de l’analyse » qui, j à vrai dire, ne menacent pas le partenaire passif, mais le partenaire actif de la situation analytique, et l’on ne devrait pas négliger d’y faire face, De quelle manière, cela ne fait aucun doute. Chaque analyste devrait périodiquement, par exemple tous les cinq ans, se constituer nouveau l’objet de l’analyse, sans avoir honte de cette démarche. Cela signifierait donc que l’analyse personnelle, elle aussi, et pas seulement l’analyse thérapeutique pratiquée sur le malade, deviendrait, de tâche finie, une tâche infinie.
Sigmund Freud, L’analyse finie et l’analyse infinie (1937), PUF, Paris, 2021, pp. 39
Sigmund Freud, L’analyse finie et l’analyse infinie (1937), PUF, Paris, 2021, pp. 39
* Anatole France, La Révolte des Anges (1914), Payot Rivages, Paris, 2010