Faith in a humiliated God who lifts up the humble may well have been proclaimed by a Church that only imperfectly, sporadically or not at all drew the all consequences. It nevertheless marked a society of honor, strongly hierarchical and based on the power manifested by pomp. It marked it to the point of inculcating in it the painful conviction, from which we have never been able to completely rid ourselves, that one rises only through abasement and that who pushes sacrifice to the point of accepting the absolute evil that is humiliation wins a victory over evil.
La foi en un Dieu humilié qui relève les humbles pouvait bien être proclamée par une Église qui n’en tirait qu’imparfaitement, sporadiquement ou pas du tout les conséquences. Elle n’en a pas moins marqué une société de l’honneur, forte ment hiérarchisée et fondée sur la puissance manifestée par le faste. Elle l’a marquée au point de lui inculquer la douloureuse conviction, dont nous n’avons jamais pu totalement nous débarrasser, qu’on ne s’élève que par l’abaissement et que celui qui pousse le sacrifice jusqu’à accepter le mal absolu qu’est l’humiliation remporte une victoire sur le mal.
Michel Zink, L’Humiliation, le Moyen Âge et nous, Albin Michel, Paris, 2017, p. 211