O.

One rises only through abasement by Michel Zink

Faith in a humiliated God who lifts up the humble may well have been proclaimed by a Church that only imperfectly, sporadically or not at all drew the all consequences. It nevertheless marked a society of honor, strongly hierarchical and based on the power manifested by pomp. It marked it to the point of inculcating in it the painful conviction, from which we have never been able to completely rid ourselves, that one rises only through abasement and that who pushes sacrifice to the point of accepting the absolute evil that is humiliation wins a victory over evil.

La foi en un Dieu humilié qui relève les humbles pouvait bien être proclamée par une Église qui n’en tirait qu’imparfaitement, sporadiquement ou pas du tout les conséquences. Elle n’en a pas moins marqué une société de l’honneur, forte ment hiérarchisée et fondée sur la puissance manifestée par le faste. Elle l’a marquée au point de lui inculquer la douloureuse conviction, dont nous n’avons jamais pu totalement nous débarrasser, qu’on ne s’élève que par l’abaissement et que celui qui pousse le sacrifice jusqu’à accepter le mal absolu qu’est l’humiliation remporte une victoire sur le mal.

Michel ZinkL’Humiliation, le Moyen Âge et nous, Albin Michel, Paris, 2017, p. 211

V.

Volountary shame by Jean-Pierre Martin

“The men will watch the newspapers, listen to the gossip. They will read that they are being sought for robbery and assault and nothing else. It will dawn on them that over the body of the woman silence is being drawn like a blanket. Too ashamed, they will say to each other, too ashamed to tell, and they will chuckle luxuriously, recollecting their exploit. Is Lucy prepared to concede them that victory?”* Lucy’s victimhood story is embedded in a major History that short-circuits it. “You wish to humble yourself before history” her father writes to her. “But the road you are following is the wrong one. It will strip you of all honour; you will not be able to live with yourself. I plead with you, listen to me.”** The white woman’s sobbing heightens self-hatred. Postcolonial literature produces reversals of shame. To describe this process of historical guilt, we may have to imagine a parallel expression to voluntary servitude: voluntary shame or sacrificial shame.

Jean-Pierre Martin quotes J. M. Coetzee, Disgrace (1999), first edited by Secker & Warburg, London, reachable online *p. 47, **p. 68

«Les hommes vont lire les journaux, écouter ce que les gens racontent. Ils liront qu’on les recherche pour vol et coups et blessures, et rien d’autre. Ils comprendront que, sur le corps de la femme, le silence se fait, se tire comme une couverture. Elle a trop honte, se diront-ils entre eux, trop honte pour aller raconter, et ils riront à gorge déployée en se rappelant leur haut fait. Lucy est-elle prête à leur concéder cette victoire ? »* L’histoire victimaire de Lucy s’insère dans une Histoire majeure qui la court-circuite. « Tu veux faire acte d’humilité devant l’histoire », lui écrit son père. « Mais tu fais fausse route. Tu vas te départir de tout honneur; tu ne pourras plus vivre avec toi même. Je t’en conjure, écoute-moi. »** Le sanglot de la femme blanche avive la haine de soi. La litté rature postcoloniale produit des retournements de honte. Pour décrire ce processus de la culpabilité historique, il faudrait imaginer une expression parallèle à la servitude volontaire: la honte volontaire ou la honte sacrificielle.

Jean-Pierre Martin cite J.M. Coetzee, Disgrâce (1999), trad. Catherine Lauga du Plessis, Seuil, “Points”, * p. 140, ** p. 203

Jean-Pierre MartinLa Honte – Réflexion sur la littérature, Le Seuil, Paris, 2016, p. 88 – 89

L.

Loosing valuable things as a sacrifice by Sigmund Freud

The act of loosing valuable things is used as an expression (…) to make sacrifice (an offering) to dark powers of fate, whose worship, even among us, is not yet extinguished.

L’acte de perdre des choses de valeur sert d’expression (…) à faire un sacrifice (une offrande) aux obscures puissances du destin, dont le culte, même parmi nous, n’est pas encore éteint.

 
Sigmund Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne (1901), trad. D. Messier, Gallimard,
Paris, 1997, p. 339