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Radicalism means “no” to the language by Hélène L’Heuillet

It has always been said, since Plato, that violence arises in the language’s refusal, but violence works also against language. Violence is a power which reduces the language to impotence. How is it possible on the part of speaking beings, “parlêtre”? It means these speaking beings testify of their hatred of language, their refusal to pay their debt to the language that makes them be, and this to death, their own or collective. There is a “no” in this radicalism, but a “no” to the language. This relation to language can be called nihilist insofar as it is, in the strict sense, a disavowal of language. And therein lies, so to speak, the root of radicalism.

On dit toujours, depuis Platon, que la violence surgit dans le refus du langage, mais la violence est aussi active contre le langage. Elle est une puissance de réduction du langage à l’impuissance. Comment cela est-il possible de la part d’êtres parlants, de « parlêtres » ? C’est qu’il s’agit de parlêtres qui témoignent de leur haine du langage, de leur refus de payer leur dette au langage qui les fait être, et ce jusqu’à la mort, personnelle et collective. Il y a un « non » dans cette radicalité, mais un « non » au langage. On peut appeler nihiliste ce rapport au langage dans la mesure où il est, au sens strict, un désaveu du langage. Et c’est là que réside, si l’on peut dire, la racine de la radicalité.

Hélène L’HEUILLET, Tu haïras ton prochain comme toi même, Albin Michel, Paris, 2017, p. 99