T.

The enjoyment of pain would thus be an aim by Sigmund Freud

Our view of sadism is further prejudiced by the circumstance that this instinct, side by side with its general aim (or perhaps, rather, within it), seems to strive towards the accomplishment of a quite special aim – not only to humiliate and master, but, in addition, to inflict pains. Psychoanalysis would appear to show that the infliction of pain plays no part among the original purposive actions of the instinct. A sadistic child takes no account of whether or not he inflicts pains, nor does he intend to do so. But when once the transformation into masochism has taken place, the pains are very well fitted to provide a passive masochistic aim; for we have every reason to believe that sensations of pain, like other unpleasurable sensations, trench upon sexual excitation and produce a pleasurable condition, for the sake of which the subject will even willingly experience the unpleasure of pain. When once feeling pains has become a masochistic aim, the sadistic aim of causing pains can arise also, retrogressively; for while these pains are being inflicted on other people, they are enjoyed masochistically by the subject through his identification of himself with the suffering object. In both cases, of course, it is not the pain itself which is enjoyed, but the accompanying sexual excitation – so that this can be done especially conveniently from the sadistic position. The enjoyment of pain would thus be an aim which was originally masochistic, but which can only become an instinctual aim in someone who was originally sadistic.

Sigmund Freud, “Instincts and their vicissitudes” (1915) in The standard edition of the complete psychological works of Sigmund Freud vol XIV, Trad. James Strachey, The Hogarth Press, London, 1957, p. 128

Pour concevoir le sadisme, on se heurte également à cette circonstance : cette pulsion semble, à côté de son but général (ou, pour mieux dire peut-être à l’intérieur de celui-ci, poursuivre une action commandée par un but tout à fait spécial. Il faut humilier, dominer, mais aussi infliger de la douleur. Or la psychanalyse semble montrer qu’infliger de la douleur ne joue aucun rôle dans les buts originairement poursuivis par la pulsion. Pour l’enfant sadique, infliger de la douleur n’entre pas en ligne de compte, ce n’est pas ce qu’il vise. Mais, une fois que la transformation en masochisme s’est accomplie, les douleurs se prêtent parfaitement à fournir un but passif masochiste; nous avons en effet toutes raisons d’admettre que les sensations de douleur, comme d’autres sensations de déplaisir, débordent sur le domaine de l’excitation sexuelle et provoquent un état de plaisir; voilà pourquoi on peut aussi consentir au déplaisir de la douleur. Une fois qu’éprouver de la douleur est devenu un but masochiste, le but sadique, infliger des douleurs, peut aussi apparaître, rétroactivement : alors, provoquant ces douleurs pour d’autres, on jouit soi-même de façon masochiste dans l’identification avec l’objet souffrant. Naturellement, on jouit, dans les deux cas, non de la douleur elle-même, mais de l’excitation sexuelle qui l’accompagne, ce qui est particulièrement commode dans la position de sadique. Jouir de la douleur serait donc un but originairement masochiste, mais qui ne peut devenir un but pulsionnel que chez celui qui est originairement sadique.

Sigmund Freud, “Pulsions et destins des pulsions” (1915) in MétapsychologieFolio Essais, Gallimard, 2010, p. 27

C.

Change of the content : love into hate by Sigmund Freud

The change of the content of an instinct into its opposite is observed in a single instance only the transformation of love into hate. Since it is particularly common to find both these directed simultaneously towards the same object, their coexistence furnishes the most important example of ambivalence of feeling.

Sigmund Freud, “Instincts and their vicissitudes” (1915) in The standard edition of the complete psychological works of Sigmund Freud vol XIV, Trad. James Strachey, The Hogarth Press, London, 1957, p. 133

La transformation d’une pulsion en son contraire (matériel) ne s’observe que dans un cas, celui de la transposition de l’amour en haine. Amour et haine se dirigeant très souvent simultanément sur le même objet, cette coexistence fournit aussi l’exemple le plus important d’une ambivalence du sentiment.

Sigmund Freud, “Pulsions et destins des pulsions” (1915) in MétapsychologieFolio Essais, Gallimard, 2010, p. 33

R.

Reversal of content : love into hate by Sigmund Freud

Reversal of an instinct into its opposite resolves on closer examination into two different processes : a change from activity to passivity, and a reversal of its content. The two processes, being different in their nature, must be treated separately. Examples of the first process are met with in the two pairs of opposites : sadismmasochism and scopophilia-exhibitionism. The reversal affects only the aims of the instincts. The active aim (to torture, to look at) is replaced by the passive aim (to be tortured, to be looked at). Reversal of content is found in the single instance of the transformation of love into hate.

Sigmund Freud, “Instincts and their vicissitudes” (1915) in The standard edition of the complete psychological works of Sigmund Freud vol XIV, Trad. James Strachey, The Hogarth Press, London, 1957, p. 127

Le renversement dans le contraire, à y regarder de plus près, se résout en deux processus différents : le retournement d’une pulsion de l’activité à la passivité et le renversement du contenu. Les deux processus, étant essentiellement différents, doivent être traités séparément. Des exemples du premier processus sont fournis par les couples d’opposés sadismemasochisme et voyeurisme-exhibitionnisme. Le renversement ne concerne que les buts de la pulsion; le but actif: tourmenter, regarder est remplacé par le but passif : être tourmenté, être regardé. Le renversement du contenu ne se trouve que dans un cas : la transformation de l’amour en haine.

Sigmund Freud, “Pulsions et destins des pulsions” (1915) in MétapsychologieFolio Essais, Gallimard, 2010, p. 25

I.

Instinct may undergo vicissitudes by Sigmund Freud

Our inquiry into the various vicissitudes which instincts undergo in the process of development and in the course of life must be confined to the sexual instincts, which are the more familiar to us. Observation shows us that an instinct may undergo the following vicissitudes:
Reversal into its opposite.
Turning round upon the subject‘s own self.
Repression.
Sublimation.

Sigmund Freud, “Instincts and their vicissitudes” (1915) in The standard edition of the complete psychological works of Sigmund Freud vol XIV, Trad. James Strachey, The Hogarth Press, London, 1957, p. 126

Quels destins les pulsions peuvent elles connaître au cours du développement et de la vie ? Nous devons limiter cette investigation aux pulsions sexuelles, qui nous sont mieux connues. L’observation nous apprend que les destins des pulsions sont les suivants :
Le renversement dans le contraire
Le retournement sur la personne propre
Le refoulement
La sublimation.

Sigmund Freud, “Pulsions et destins des pulsions” (1915) in Métapsychologie, Folio Essais, Gallimard, 2010, p. 24

S.

Sedimentation in the Ego by Sigmund Freud

We can admit as a common result of the sexual phase – dominated by the Oedipus complex – a sedimentation in the Ego which consists in the production of these two identifications linked in some ways to each other. This modification of the Ego retains its determined position, and opposed the rest of the Ego’s content, as Ego-ideal or Superego.

On peut donc admettre comme résultat le plus général de la phase sexuelle dominée par le complexe d’Œdipe, une sédimentation dans le moi qui consiste dans la production de ces deux identifications accordées de quelque façon l’une à l’autre. Cette modification du moi garde sa position particulière, elle s’oppose au reste du contenu du moi comme idéal du moi ou sur-moi.

Sigmund Freud, Le moi et le ça (1923), PBP, Paris, 2010, p. 80