C.

Civilization imposes restrictions by Sigmund Freud

The liberty of the individual is no gift of civilization. It was greatest before there was any civilization, though then, it is true, it had for the most part no value, since the individual was scarcely in a position to defend it. The development of civilization imposes restrictions on it, and justice demands that no one shall escape those restrictions. What makes itself felt in a human community as a desire for freedom may be their revolt against some existing injustice, and so may prove favourable to a further development of civilization; it may remain compatible with civilization. But it may also spring from the remains of their original personality, which is still untamed by civilization and may thus become the basis in them of hostility to civilization. The urge for freedom, therefore, is directed against particular forms and demands of civilization or against civilization altogether. It does not seem as though any influence could induce a man to change his nature into a termite’s. No doubt he will always defend his claim to individual liberty against the will of the group.

Sigmund Freud, Civilizations and its discontents, Trad. J. Strachey, W W Norton & Company, Inc, New-York, 1962 pp. 42 – 43

“La liberté individuelle n’est pas un bien de culture. C’est avant toute culture qu’elle était la plus grande, mais alors le plus souvent sans valeur, parce que l’individu était à peine en état de la défendre. Du fait du développement de la culture, elle connaît des restrictions et la justice exige que ces restrictions ne soient épargnées à personne. Ce qui bouillonne dans une communauté humaine en tant que poussée à la liberté peut être révolte contre une injustice existante et ainsi être favorable à un développement ultérieur de la culture, rester conciliable avec la culture. Mais cela peut aussi être issu du reste de la personnalité originelle, non domptée par la culture, et devenir ainsi le fondement de l’hostilité à la culture. La poussée à la liberté se dirige donc contre des formes et des revendications déterminées de la culture ou bien contre la culture en général. Il ne semble pas qu’en exerçant une quelconque influence on puisse amener l’homme à muer sa nature en celle d’un termite, il défendra sans doute toujours sa revendication de liberté individuelle contre la volonté de la masse.”

Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation (1929),

Sigmund Freud, Malaise dans la culture (1929), Trad. Coté, Lainé, Stute-Cadiot, PUF, Paris, 1995, p. 39

F.

Freedom needs Faith by Alexis de Tocqueville

From my point of view, I doubt that man can ever stand both complete religious independence and complete political freedom; and I am inclined to think that if he does not have faith, he must serve, and if he is free, he must believe.

Pour ma part, je doute que l’homme puisse jamais supporter à la fois une complète indépendance religieuse et une complète liberté politique; et je suis enclin à penser que s’il n’a pas la foi, il doit servir, et s’il est libre, il doit croire.

TOCQUEVILLE A., De la démocratie en Amérique vol. 2 (1862), GF-Flammarion, Paris, 1981, p. 32

F.

Freedom of the Greeks still illuminates by André Glucksmann

The challenge of freedom is not opposing Athens to Jerusalem, but the Athenian republic to Imperium romanum. The Greek virus, rodent empire, remains active. The passion for freedom has ejected outside Europe the largest Persian invaders, toward Thermopylae, Marathon and Salamis. Some two millennia and later in Gdansk, Budapest, Prague, Berlin, the same subversive flame disintegrated, piece after piece, the last for now, European totalitarian empire. Kiev and Tbilisi are following. The Socratic “horsefly” or the Soljenitsynic “grain of sand”, freedom jammes the sheep-majorities and grips oppressive gears. By fair weather, the freedom of the ancient Greeks still illuminates the Old Continent.

Le défi de la liberté n’oppose pas Athènes à Jérusalem, mais la république athénienne à l‘Imperium romanum. Le virus grec, rongeur d‘empire, demeure actif. La passion de la liberté éjecta hors d‘Europe l’envahisseur grand-perse aux Thermopyles, à Marathon et à Salamine. Deux millénaires et quelques plus tard, à Gdansk, à Budapest, à Prague, à Berlin, la même flamme subversive délita, pièce à pièce, le dernier, pour l’heure, empire totalitaire européen. Kiev et Tbilissi suivent. La liberté du « taon » socratique ou du « grain de sable» soljenitsynien grippe les majorités moutonnières et agrippe les engrenages oppressifs. Par beau temps, la liberté des anciens Grecs éclaire encore le Vieux Continent.

André GLUCKSMANN, “L’invention de la liberté” in La plus belle histoire de la liberté (Coll.), Seuil (Points), Paris, 2009, p. 57