Our first account of the development of the libido was that an original oral phase gave way to a sadistic-anal phase and that this was in turn succeeded by a phallic-genital one. Later research has not contradicted this view, but it has corrected it by adding that these replacements do not take place all of a sudden but gradually, so that portions of the earlier organization always persist alongside of the more recent one, and even in normal development the transformation is never complete and residues of earlier libidinal fixations may still be retained in the final configuration. The same thing is to be seen in quite other fields. Of all the erroneous and superstitious beliefs of mankind that have supposedly been surmounted there is not one whose residues do not live on among us today in the lower strata of civilized peoples or even in the highest strata of cultural society. What has once come to life clings tenaciously to its existence. One feels inclined to doubt sometimes whether the dragons of primaeval days are really extinct.
Sigmund Freud, “Analysis Terminable and Interminable” (1937), Standard Edition Vol XXIII, Trans. James Strachey, The Hogarth Press, London, 1964, pp. 229
Si, dars notre description du développement libidinal, nous avons énoncé qu’une phase orale originelle faisait place à la phase sadique-anale et celle-ci à la phase phallique-génitale, la recherche ultérieure n’y a sans doute pas contredit, mais a ajouté en correctif que ces substitutions ne s’effectuent pas brusquement mais progressivement, de sorte qu’à tout moment des fragments de l’organisation antérieure subsistent à côté de la plus récente et que, même dans le développement normal, la transformation ne se fait jamais complètement, de sorte que des restes des fixations libidinales antérieures peuvent se trouver maintenus jusque dans la configuration définitive. Nous voyons la même chose dans de tout autres domaines. Il n’est aucune des croyances erronées et superstitieuses de l’humanité, prétendument surmontées, dont il ne survive aujourd’hui parmi nous des restes dans les couches plus ou moins profondes des peuples de la culture ou même dans les couches supérieures de la société de la culture. Ce qui une fois est venu à la vie entend s’affirmer avec ténacité. On pourrait parfois douter que les dragons des temps originaires soient vraiment morts jusqu’au dernier.
Sigmund Freud, L’analyse finie et l’analyse infinie (1937), PUF, Paris, 2021, p. 18
Sigmund Freud, L’analyse finie et l’analyse infinie (1937), PUF, Paris, 2021, p. 18