Now, I may not have had an answer, but I at least had a question: what ancient shame could make the analysing act in a compulsive way much more spectacularly than Swann’s gestures, Sartre’s grimaces, or my reading aloud? But this question was not so new to me: had I not written, a long time ago, that King Lear became mad so as not to be fool ? And the same can be said of Ophelia, and of Beatrice in il Berretto a sonagli, of Pirandello (but she, to escape shame, simulates madness). The princeps case is Ajax: extravagances come before, but he does not escape shame when he “heals”…
Maintenant, je n’avais peut-être pas une réponse, mais j’avais du moins une question : quelle honte ancienne pouvait faire agir l’analysante d’une façon compulsionnelle beaucoup plus spectaculaire que les gestes de Swann, les grimaces de Sartre, ou ma lecture à haute voix ? Mais cette question n’était pas si nouvelle pour moi : n’avais-je pas écrit, il y a longtemps, que le Roi Lear devient mad pour ne pas être fool ? Et on peut en dire autant d’Ophélie, et de Béatrice dans il Berretto a sonagli, de Pirandello (mais elle, pour échapper à la honte, elle simule la folie). Le cas princeps, c’est Ajax: les extravagances viennent avant, mais il n’échappe quand même pas à la honte, quand il « guérit »…
MANNONI O., Ça n’empêche pas d’exister, Paris, Seuil, 1982, p. 76