For the poet, to feel alive would pass by the body. As the shame of living will be the shame of an affected subject, via its body. More simple, to be ashamed has need a body. Not sufficient condition, but necessary. Levinas, Sartre, and Merleau-Ponty had seen it each in their own way, from a common thesis: the body of the subject is his presence in act in the world, the fact of his presence. Nothing in the symbolic allows him to justify his existence, to name his reason for being, and yet his body attests that he is indeed there. By which the subject verifies that he is not evanescent, that he is not made only of the symbolic. Something in his body exceeds the symbolic, resists it and constitutes him as alive.
Pour le poète, s’éprouver vivant en passerait par le corps. Comme la honte de vivre sera la honte d’un sujet affecté, via son corps. Plus simple, pour avoir honte a faut un corps. Condition non suffisante, mais nécessaire. Levinas, Sartre, et Merleau-Ponty l’avaient aperçu chacun à leur façon, à partir d’une thèse commune : le corps du sujet est sa présence en acte dans le monde, le fait de sa présence. Rien dans le symbolique ne lui permet de justifier son existence, de nommer sa raison d’être, et pourtant, son corps atteste qu’il est bien là. Par où le sujet vérifie qu’il n’est pas évanescent, qu’il n’est pas fait que du symbolique. Quelque chose dans son corps excède au symbolique, lui résiste et le constitue comme vivant.
David Bernard, Lacan et la honte – de la honte à l’ontologie, Editions nouvelles du Champ lacanien, Paris, 2019, p. 127