As nothing could have inspired them with a deeper dread than the desperate vision of a death without Kaddish, and since only such a death constituted a true death for them, Noé paused to wait until this dread had thoroughly seized all minds. The lips of one of the five men standing before him quivered, but no words came out of his mouth. Noé was pleased with the effect of his words and then knew that his hour had come.
Günther Anders, Die Atomare Drohung: Radikale Überlegungen (1981) [The Atomic Threat: Radical Considerations]. Munich: C.H. Beck.
‘If I am here before you,’ he continued, ‘it is because an order has been given to me. The order to warn you that the worst is about to happen. Reverse time,’ the voice told me, ‘anticipate today the pain of tomorrow, shed your tears in advance! The prayer of the dead that, as a child, you learned to recite one day at your father’s grave, say it now for the sons who will die tomorrow and the grandsons who will never be born! For, the day after tomorrow, it will be too late.’ – That’s what I was ordered.
Puisque rien n’aurait pu leur inspirer un plus profond effroi que la vision désespérée d’une mort sans kaddish et puisque seule une telle mort constituait pour eux une véritable mort, Noé fit une pause pour attendre que cet effroi se soit bien emparé de tous les esprits. Les lèvres de l’un des cinq hommes qui se tenaient devant lui tremblaient, mais aucun mot ne sortait de sa bouche. Noé fut content de l’effet produit par ses paroles et sut alors que son heure était arrivée.
Günther Anders, La Menace nucléaire – Considérations radicales sur l’âge atomique (1981), Editions du Rocher, 1986, Paris, p. 30
«Si je suis là devant vous, poursuivit-il, c’est parce qu’un ordre m’a été donné. L’ordre de vous prévenir que le pire allait avoir lieu. Renverse le temps, m’a dit la voix, anticipe aujourd’hui la douleur de demain, verse d’avance tes larmes! La prière des morts qu’en- fant, tu as apprise pour la dire un jour sur la tombe de ton père, dis-la maintenant pour les fils qui vont mourir demain et les petits-fils qui ne naîtront jamais! Car, après-demain, il sera trop tard. – Voilà ce qu’on m’a ordonné.
Günther Anders, La Menace nucléaire – Considérations radicales sur l’âge atomique (1981), Editions du Rocher, 1986, Paris, p. 30