Venus, and Paris Is Burning more generally, calls into question whether parodying the dominant norms is enough to displace them; indeed, whether the denaturalization of gender cannot be the very vehicle for a reconsolidation of hegemonic norms. Although many readers understood Gender Trouble to be arguing for the proliferation of drag performances as a way of subverting dominant gender norms, I want to underscore that there is no necessary relation between drag and subversion, and that drag may well be used in the service of both the denaturalization and reidealization of hyperbolic heterosexual gender norms. At best, it seems, drag is a site of a certain ambivalence, one which reflects the more general situation of being implicated in the regimes of power by which one is constituted and, hence, of being implicated in the very regimes of power that one opposes.
Judith Butler, Bodies That Matter – On the Discursive Limits of Sex, Routledge, 1993, p. 125
Vénus et, plus généralement Paris Is Burning, soulève la question de savoir si la parodie des normes dominantes suffit à les déplacer, et même si la dénaturalisation du genre ne peut pas être le vecteur de la reconsolidation des normes hégémoniques. De nombreux lecteurs ont supposé que Trouble dans le genre défendait la prolifération de performances travesties comme moyen de subvertir les normes de genre dominantes, mais je tiens à souligner qu’il n’y a pas de relation nécessaire entre le travestissement et la subversion, et que le travestissement peut très bien être utilisé au service tant de la dénaturalisation que de la réidéalisation de normes de genre hétérosexuelles hyperboliques. Au mieux, il semble que le travestissement soit le site d’une certaine ambivalence, qui reflète la situation plus générale consistant à être impliqué dans des régimes de pouvoir par lesquels on est constitué et, par conséquent, à être impliqué dans les régimes de pouvoir que justement l’on affronte.
Judith Butler, Ces corps qui comptent – De la matérialité et des limites discursives du «sexe» (1993), Editions Amsterdam, Paris, 2018, p. 188