S.

Shame of homosexuality and general shame by Jean-Pierre Martin

Is the internalized shame of homosexuality not the specific manifestation of a more general shame towards any form of sexuality as an exacerbated feeling of a body delivered in spite of itself to the other – irruption of a hitherto unknown drive, discovery of the other inside oneself ?

La honte intériorisée de l’homosexualité n’est-elle pas la manifestation spécifique d’une honte plus générale à l’égard de toute forme de sexualité comme sentiment exacerbé d’un corps livré malgré lui à l’autre – irruption d’une pulsion inconnue jusqu’alors, découverte de l’autre en soi ?

Jean-Pierre MartinLa Honte – Réflexion sur la littérature, Le Seuil, Paris, 2016, p. 244

S.

Shame is existential and political by Jean-Pierre Martin

Once again we see that the feeling of shame is both existential and political. The shame is the internalized look of the other. History has imprinted on it pink triangles for a long time to go.

On le vérifie à nouveau: le sentiment de honte est tout à la fois existentiel et politique. Il est le regard de l’autre intériorisé. L’Histoire lui a imprimé pour longtemps des triangles roses.

Jean-Pierre Martin, La Honte – Réflexion sur la littérature, Le Seuil, Paris, 2016, p. 245

P.

Performance that works effects realness by Judith Butler

Significantly, this is a performance that works, that effects realness, to the extent that it cannot be read. For “reading” means taking someone down, exposing what fails to work at the level of appearance, insulting or
deriding someone. For a performance to work, then, means that a reading is no longer possible, or that a reading, an interpretation, appears to be a kind of transparent seeing, where what appears and what it means coincide. On the contrary, when what appears and how it is “read” diverge, the artifice of the performance can be read as artifice; the ideal splits off from its appropriation. But the impossibility of reading means that the artifice works, the approximation of realness appears to be achieved, the body performing and the ideal performed appear indistinguishable.

Judith ButlerBodies That Matter – On the Discursive Limits of SexRoutledge, 1993, p. 129

Il est significatif que la performance fonctionne, produise un effet de réel, dans la mesure où elle ne peut pas être interprétée. Car interpréter, c’est « démolir » [take someone down] quelqu’un, révéler ce qui ne fonctionne pas au niveau de son apparence, l’insulter ou le ridiculiser. Pour qu’une performance fonctionne, il faut donc que l’interprétation ne soit plus possible, ou que la lecture, l’interprétation, paraisse n’être qu’une espèce de vision transparente, où ce qui apparait et sa signification coïncident. À l’inverse, quand ce qui apparaît et la façon dont cela est « interprété » divergent, l’artifice de la performance peut être lu comme un artifice; l’idéal se détache de son appropriation. L’impossibilité d’interpréter signifie donc que l’artifice fonctionne, que l’approximation de la réalité paraît être accomplie, le corps réalisant la performance et l’idéal réalisé par la performance paraissant indiscernables.

Judith ButlerCes corps qui comptent – De la matérialité et des limites discursives du «sexe» (1993), Editions Amsterdam, Paris, 2018, p. 194