If the only relevant politic object has actually become foreign policy, in other words the danger that always lurks in relations between states, it means nothing more and nothing less than the inversion of Clausewitz‘s* statement that war is nothing but the continuation of politics by other means: politics becomes a continuation of war in which the means of cunning have temporarily replaced the means of violence. And who could deny that the conditions of the armament race in which we live and are obliged to live suggest at least that Kant‘s formula – that nothing in a war should happen to make peace impossible – has also been reversed and that we live in a peace in which everything must be done to ensure that a war always remains possible.
Si le seul objet pertinent de la politique est effectivement devenu la politique extérieure, autrement dit le danger qui guette toujours dans les relations entre États, cela ne signifie ni plus ni moins que l’inversion du mot de Clausewitz*, selon lequel la guerre n’est rien d’autre que la continuation de la politique par d’autres moyens : la politique devient une continuation de la guerre durant laquelle les moyens de la ruse ont remplacé temporairement les moyens de la violence. Et qui pourrait nier que les conditions de la course aux armements où nous vivons et sommes obligés de vivre suggèrent au moins que la formule de Kant selon laquelle rien dans une guerre ne devrait arriver qui rende par suite la paix impossible – s’est inversée elle aussi et que nous vivons dans une paix où tout doit être fait pour qu’une guerre reste toujours possible.
Hannah Arendt, Qu’est ce que la politique ? (1953 – 1959), Paris, Seuil, 2014, p. 298
Quoting Carl Von Clausewitz, De la guerre (1832-1834), trad. D. Naville, Paris, Minuit, 1959, p. 67