For the young girl, the erotic transcendence consists in order to take to make herself prey. She becomes an object; and she seizes herself as an object; it is with surprise that she discovers this new aspect of her being: it seems to her that she splits; instead of coinciding exactly with herself, she starts to exist outside. Thus, in Rosamund Lehmann’s Invitation to the Waltz, we see Olivia discovering an unknown figure in a mirror: it is her-object suddenly standing in front of herself; she experiences a quickly dissipated, but overwhelming emotion:
“For some time, a particular emotion accompanied the minute when she looked at herself in this way from head to toe in an unforeseen and rare way, it happened that she saw in front of her a foreigner, a new being. This had happened on two or three occasions. She looked in the mirror, saw herself. But what happened? Today, what she saw was something else: a mysterious face, both dark and radiant; hair bursting with movement and strength and as if flowing with electric currents. Her body – was it because of the dress – seemed to gather harmoniously, to center itself, to blossom, supple and stable at the same time: alive. She had before her, like a portrait, a young girl in pink that all the objects of the room, reflected in the mirror, seemed to frame, to present, whispering: It is you…”
What dazzled Olivia were the promises she thought she read in this image, in which she recognized her childish dreams and which was herself; but the girl also cherished in its carnal presence this body which amazed her as that of another.
Pour la jeune fille, la transcendance érotique consiste afin de prendre à se faire proie. Elle devient un objet ; et elle se saisit comme objet ; c’est avec surprise qu’elle découvre ce nouvel aspect de son être : il lui semble qu’elle se dédouble ; au lieu de coïncider exactement avec soi, voilà qu’elle se met à exister dehors. Ainsi, dans l’Invitation à la valse de Rosamund Lehmann, on voit Olivia découvrir dans une glace une figure inconnue : c’est elle-objet dressé soudain en face de soi-même ; elle en éprouve une émotion vite dissipée, mais bouleversante :
“Depuis quelque temps, une émotion particulière accompagnait la minute où elle se regardait ainsi de pied en cap de façon imprévue et rare, il arrivait qu’elle vit en face d’elle une étrangère, un être nouveau. Cela s’était produit à deux ou trois reprises. Elle se regardait dans une glace, se voyait. Mais qu’arrivait-il ?… Aujourd’hui, ce qu’elle voyait c’était tout autre chose : un visage mystérieux, à la fois sombre et rayonnant ; une chevelure débordante de mouvements et de force et comme parcourue de courants électriques. Son corps – était-ce à cause de la robe-lui paraissait se rassembler harmonieusement se centrer, s’épanouir, souple et stable à la fois : vivant. Elle avait devant elle, pareille à un portrait, une jeune fille en rose que tous les objets de la chambre, reflétés dans la glace, paraissaient encadrer, présenter, en murmurant : C’est vous…”
Ce qui éblouit Olivia, ce sont les promesses qu’elle croit lire dans cette image où elle reconnaît ses rêves enfantins et qui est elle-même ; mais la jeune fille chérit aussi dans sa présence charnelle ce corps qui l’émerveille comme celui d’une autre.
Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, II – L’expérience vécue (1949), Paris, Gallimard, 2012, p. 100‑101
quoting Rosamond Lehmann, L’invitation à la valse (1932), trad. fr. Jean Talva, Paris, Belfond, 2020.