Therefore, the problem is not that one could not get out of language in order to grasp materiality in itself, but rather that any effort to refer to materiality is part of a process of signification which, in its phenomenality, is always already material. In this sense, therefore, language and materiality are not opposed, for language is material at the same time as it refers to what is material, and what is material never entirely escapes the process by which it is invested with meaning. But if language is not opposed to materiality, materiality cannot be summarily equated with language either.
Judith Butler, Bodies That Matter – On the Discursive Limits of Sex, Routledge, 1993
Par conséquent, le problème n’est pas que l’on ne pourrait pas sortir du langage pour saisir la matérialité en elle-même, mais bien plutôt que tout effort pour se référer à la matérialité s’inscrit dans un processus de signification qui, dans sa phénoménalité, est toujours déjà matériel. En ce sens, langage et matérialité ne sont donc pas opposés, car le langage est matériel en même temps qu’il se réfère à ce qui est matériel, et ce qui est matériel n’échappe jamais entièrement au processus par lequel il est investi de significations. Mais si le langage ne s’oppose pas à la matérialité, la matérialité ne peut pas non plus être sommairement assimilée au langage.
Judith Butler, Ces corps qui comptent – De la matérialité et des limites discursives du «sexe» (1993) Editions Amsterdam, Paris, 2018, p. 110