The women in the audience could, by my display of the photo*, empathically recognize and understand-that is, know that what happened to this particular woman could, in principle, happen to any woman, anytime, anywhere. They immediately (some would say “intuitively”‘) understood what was at stake in this woman’s case. The French woman was trapped in a no-win situation, a situation often described as “Damned you if you do and damned if you don’t”; or once the posse is on, or the hounds are loose, there is no way out but to endure it. These women knew-through myriad repeated, minor, and often semiconsciously perceived incidents in their lives as women-that in a situation like the one in Chartres, you are left totally at the mercy of the crowd, of mass opinion, at the whim of the moment. Anything might happen to you, and you are in no position to alter a single thing. (A very influential father, brother, husband might save you, but there is no guarantee, because when patriarchy itself is threatened or gloriously celebrating, individuals do not count.) So the best thing to do is often to be as passive as possible, not to excite any further blows.
Foot note :
The myth of “female passivity” comes to mind here. Battered women are believed passively to “accept” their beatings. Similarly, in media it is often rendered “incomprehensible” that they have not left the man in question. Only from a gender- problematized perspective, in which “female passivity” is interpreted as a sometimes highly instrumental and thus “rational” and deliberate attitude of the subordinated, can the situation be understood and the women’s behavior deemed intelligible (which does not entail recommending that women tolerate the situation). The concepts “incomprehensible” and “unintelligible,” as used here, are imbued with normativity, and do not solely describe an epistemic failure. Indeed, many androcentric renderings of the problem, while explicitly stating that the women’s behavior is “incomprehensible,” implicitly do offer “a comprehension”: these women (all women?) are masochists and altogether lack agency.
Les femmes de l’assistance ont pu, en voyant la photo*, reconnaître et comprendre par empathie – c’est-à-dire savoir que ce qui est arrivé à cette femme en particulier pourrait, en principe, arriver à n’importe quelle femme, n’importe quand, n’importe où. Elles ont immédiatement (certains diraient “intuitivement”‘) compris ce qui était en jeu dans le cas de cette femme. La Française était prise au piège dans une situation sans issue, une situation souvent décrite comme “Foutu si vous le faites et foutu si vous ne le faites pas” ; ou encore, une fois que le dispositif est en place, ou que les chiens sont lâchés, il n’y a pas d’autre issue que de subir. Ces femmes savaient, grâce à une myriade d’incidents répétés, mineurs et souvent perçus de manière semi-consciente dans leur vie de femmes, que dans une situation comme celle de Chartres, vous êtes totalement à la merci de la foule, de l’opinion publique, du caprice du moment. Tout peut vous arriver, et vous n’êtes pas en mesure de changer quoi que ce soit. (Un père, un frère, un mari très influent pourrait vous sauver, mais il n’y a aucune garantie, car lorsque le patriarcat lui-même est menacé ou célébré glorieusement, les individus ne comptent pas). La meilleure chose à faire est donc souvent d’être aussi passive que possible, de ne pas exciter de nouveaux coups.
Note de bas de page :
Le mythe de la “passivité féminine” vient ici à l’esprit. On croit que les femmes battues “acceptent” passivement leurs coups. De même, dans les médias, on rend souvent “incompréhensible” le fait qu’elles n’aient pas quitté l’homme en question. Ce n’est que dans une perspective de problématisation du genre, dans laquelle la “passivité féminine” est interprétée comme une attitude parfois très instrumentale et donc “rationnelle” et délibérée de la subordonnée, que la situation peut être comprise et le comportement des femmes jugé intelligible (ce qui n’implique pas de recommander aux femmes de tolérer la situation). Les concepts “incompréhensible” et “inintelligible”, tels qu’ils sont utilisés ici, sont imprégnés de normativité et ne décrivent pas uniquement un échec épistémique. En effet, de nombreuses interprétations androcentriques du problème, tout en déclarant explicitement que le comportement des femmes est ” incompréhensible “, offrent implicitement ” une compréhension ” : ces femmes (toutes les femmes ?) sont masochistes et manquent totalement d’agentivité.
*Author refers to the Robert Capa’s picture of “La Tondue de Chartres”
Ullaliina Lehtinen, “How Does One Know What Shame Is? Epistemology, Emotions, and Forms of Life in Juxtaposition” in Hypatia, vol. 13, no. 1, 1998, pp. 56–77
JSTOR, www.jstor.org/stable/3810607